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Extrait de Sciences & vie (décembre 2017?)
Le temps file quand on se fait plaisir et s'étire lorsqu'on s'ennuie. Einstein n'y est pour rien: l'horloge bat au même rythme dans les deux cas. En février 2010 (n° 1109, p. 44), nous consacrions un dossier à cette énigme et décrivions l'existence de chronomètres mentaux sur lesquels l'âge, les émotions ou l'attention exercent une influence... Au coeur de ce mécanisme, la dopamine est depuis longtemps soupçonnée de jouer un rôle clé. Ce neurotransmetteur impliqué dans les circuits de la récompense et de la motivation semble en effet réguler, chez la souris, l'activité des neurones chronomètres.
Trois neurobiologistes du Centre Champalimaud de Lisbonne ont mis en place une expérience pour tenter de comprendre comment. Placée devant trois orifices, une souris entend par le trou central un premier son, puis un second après un laps de temps aléatoire. Lorsqu'elle estime que l'intervalle est supérieur à 1,5 seconde, elle doit se diriger vers le trou de gauche; dans le cas contraire, elle doit se diriger vers celui de droite. Elle reçoit une récompense quand elle répond juste. Résultats? En perturbant la libération de dopamine, les chercheurs ont bel et bien observé une altération de la perception du temps. Surtout, en rendant les neurones dopmainergiques génétiquement sensibles à certaines lumières, ils ont constaté qu'augmenter leur activité ralentissait l'estimation du temps, qui paraissait plus court, et vice-versa. Plaisir et perception du temps semblent donc bien intimement liés.